Café Littéraire : Trilogies, tétralogies, ...

11h00 : je découvre l’intérieur du Magic Mirror 2 avec Joe Abercrombie, Jean-Philippe Jaworski, Régis Goddyn, Pierre Pevel, Lionel Davoust et Jean-Claude Vantroyen. La salle est quasi-pleine !

Joe Abercrombie (deuxième à gauche), Jean-Philippe Jaworski (4ème à gauche), Régis Goddyn (5ème à gauche), Pierre Pevel (6ème à gauche)

Présentation rapide des auteurs :

Pierre Pevel est un auteur français de fantasy et de science fiction né en 1968.  Il se fait connaître par sa trilogie des Ombres de Wielstadt, publiée en 2001, qui lui vaut en 2002 un Grand Prix de l'Imaginaire. Pierre Pevel vit depuis des années à Nancy. 

Jean-Philippe Jaworski  est un écrivain français de fantasy né en 1969. Il est également l'auteur de plusieurs jeux de rôles. Son premier roman, Gagner la guerre, qui remporte le Prix Imaginales dans la catégorie « Roman francophone ». En 2013 il publie Même pas mort, premier tome d'une trilogie intitulée Rois du monde se déroulant chez les Celtes, et notamment les Bituriges.

Régis Goddyn,  né à Amiens le 27 décembre 1967, est un écrivain français. Il entreprend en 2010 l'écriture d'une heptalogie (7 tomes) : Le Sang des sept rois. À ce jour, les trois premiers tomes ont été publiés aux éditions L'Atalante, le quatrième devant être publié le 19 juin 2014.

Joe Abercrombie, né le 31 décembre 1974 à Lancaster en Angleterre, est un écrivain anglais de fantasy. Il est l'auteur de la trilogie La Première Loi. Il a publié depuis deux autres romans se situant dans le même univers de fiction et, en 2011, a signé un contrat avec la maison d'édition Gollancz pour quatre nouveaux romans, toujours situés dans le même univers.

Sujet : Trilogies, tétralogies, etc… Pourquoi la fantasy aime-t-elle les sagas ?

Pour discuter de ce sujet, une belle brochette d’auteurs masculins nous a fait part de leurs avis et de leurs expériences. Dès les premières phrases, le ton est donné. L’humour décapant et la bonne humeur de Joe Abercrombie nous font décoller pour une heure de pur plaisir. Les autres auteurs entrent rapidement dans « ce petit délire » et tout ce petit monde s’ouvre à nous avec aisance comme si nous étions à la maison.

La conversation débute avec une question assez simple : pourquoi une saga ?

Joe Abercrombie : « C’est une structure en trois actes : un début, un milieu et une fin. »

Pierre Pevel : « Je n’ai pas commencé une trilogie. » L’auteur avait d’abord présenté un livre à son éditeur qui l’a convaincu de faire une suite car il y avait matière à l’écrire.

Régis Goddyn a quant à lui écrit sept livres. « C’est parfois l’histoire qui se développe et qui décide du nombre de volumes. »

Pour Jean-Philippe Jaworski, passer des nouvelles aux romans était assez logique, alors pourquoi pas une série…

Pourquoi c’est en fantasy qu’on trouve le plus de sagas ?

Joe Abercrombie répond avec naturel que lorsqu’on construit un monde de fantasy, ça nécessite de l’espace pour être développé correctement « et des dragons ».

Est-ce l’éditeur qui pousse au nombre de livres ou l’écrivain ?

Cette question est adressée à Pierre Pevel. Son éditeur ne le pousse pas dans le nombre de volumes. C’est le succès qui donne la suite et l’insuccès qui le stoppe, explique-t-il. « J’envisage toujours des suites. » Mais attention : la volonté de toujours tout raconter peut être un danger.

Etes-vous angoissé que l’éditeur vous suive ? ou pas ?

Régis Goddyn sourit : « pas du tout. » Son éditeur savait dès le départ qu’il y avait un risque éditorial car l’auteur n’est pas du métier de l’écriture, sans aucune formation littéraire. C’est une relation de confiance qui s’est forgée.

Est-ce que tu as déjà structuré tes trois livres ?

Jean-Philippe Jaworski : « Dans les grandes lignes, j’ai tout (…). Mon projet initial était un roman mais un roman en trois parties. » Au final c’est devenu une trilogie.

Faîtes-vous des plans ?

Pour Pierre Pevel et Joe Abercrombie, il est très important d’avoir un plan. Pour l’auteur anglais, écrire à partir du plan, délivre l’imagination. L’avantage d’avoir un plan bien construit c’est que l’écrivain n’a plus qu’à raconter l’histoire. Il se libère au niveau de la narration, de l’écriture. « Et les dragons ! »

Régis Goddyn ne fonctionne pas vraiment avec un plan car il change toujours au fur et à mesure de l’écriture et par conséquent, il doit se reconstruire un plan dès que de nouvelles données apparaissent. L’auteur conclut avec philosophie que le plan d’un livre est à comparer avec le plan de la vie dont les données changent souvent.

Jean-Philippe Jaworski débute sa réponse en faisant référence à l’auteur-référence de la fantasy, Tolkien. Tolkien a dû écrire huit chapitres du Seigneur des Anneaux, avant d’avoir l’idée de la quête et de l’anneau unique. Il a mis 12 ans à écrire son œuvre. « J’ai souvent le début et la fin mais pas le milieu. Et il est intéressant de voir certains personnages jouer des coudes pour exister. »

Pourquoi écrivez-vous de la fantasy ?

Pierre Pevel prend la parole en indiquant que pour lui c’est une question de génération. Il a vu Star Wars au cinéma à 9 ans et cela lui a forgé l’imaginaire. « J’ai déjà essayé d’écrire un polar mais au bout du troisième chapitre, j’étais dans une maison hantée. Je me suis dis, c’est bon, lâches l’affaire. »

Régis Goddyn nous avoue qu’il ne lit pratiquement pas de fantasy mais adore en écrire. « Raconter la vie que je connais ne m’intéressait pas du tout (…). J’ai envi de raconter des choses pas possible. »

Pour Jean-Philippe Jaworski, la fantasy est une littérature d’évasion. « C’est ce qui me permet de m’évader de notre quotidien empiriste et matérialiste. » C’est de la littérature sur l’humain qui permet d’explorer le champ de l’homme.

Joe Abercrombie confirme également que la fantasy se rapproche beaucoup de l’expérience humaine. On n’a pas la nécessité à faire autant de recherches que sur le roman historique basique. La Fantasy donne la liberté du détail (…) « et des dragons ! »

 

                                                                        Pierre Pevel avec le bérêt                                        Joe Abercrombie (à gauche) et Régis Goddyn (de profil)