Interview d'Agnès JANIN

Bonjour,

Aujourd'hui, je vous propose une Interview, celle d’Agnès JANIN, auteur de La Promesse du Chant des grillons. Vous pouvez retrouver son oeuvre en vente chez Bibliocratie. (http://www.bibliocratie.com/produit/la-promesse-du-chant-des-grillons/)

1 – Pourriez-vous présenter afin de faire un peu plus connaissance ?

J'ai 33 ans, j'ai toujours été lectrice assidue et émerveillée et j'ai commencé à écrire au tout début de l'adolescence de la poésie, des nouvelles, puis des bouts de romans plus ou moins achevés. J'ai continué à l'âge adulte jusqu'au début de mon doctorat en biologie/écologie (je travaillais sur les crapauds … et sur leurs déplacements dans le paysage) qui ne m'a plus laissé guère de temps pendant 5 ans. Puis à la fin de cette aventure, l'envie d'écrire est revenue comme une évidence, massive, exigeante. Et ce roman, ainsi que d'autres écrits variés, ont vu le jour. Je suis toujours animée par cette même flamme, je l'alimente et continue d'écrire. J'ai aujourd'hui deux petits garçons dont j'ai choisi de m'occuper tout en me consacrant à l'écriture, à la photographie.

2 – Avez-vous une œuvre fétiche ?

Il y a tant de livres que j’ai adorés lire … Mais il y a un livre qui a laissé une empreinte profonde en moi alors que j’étais très jeune, 10 ans peut-être, un livre jeunesse intitulé « Son premier souffle » de Gérard Hubert-Richou. On y découvre Cécilia, jeune fille de 12 ans, qui passe son mois d’août dans une maison d’un coin de campagne très reculé parce que sa mère est enceinte (d’un petit frère qu’elle n’a pas du tout envie de voir rentrer dans sa vie) alors qu’elle rêve de plage et de baignade dans la mer. On y découvre son ennui sous la chaleur écrasante, ses interrogations de jeune fille face à cet évènement (l’arrivée de ce petit frère) qui la bouleverse, la façon dont elle grandit à travers tout cela. Et puis son père doit s’absenter, les laissant elle et sa mère dans cette maison isolée. Un orage éclate et c’est le moment que choisit le bébé pour naître au monde … Les atmosphères, les paysages y sont extrêmement bien décrits en peu de mots pourtant. Les émotions y sont prégnantes, on ne s’en débarrasse pas facilement après les avoir lues. Et pourtant, c’est bien un livre jeunesse ! Je me souviens du plaisir, de l’ivresse que j’ai eu, enfant, à le lire et le relire inlassablement. Je l’ai relu, il y a peu, 15 ans et quelques et deux enfants plus tard … Incroyable émotion … Chez moi, il a contribué à nourrir l’envie d’écrire.

3 – Quel genre littéraire privilégiez-vous ? Niveau Lecture et niveau Ecriture…

J’apprécie tout particulièrement les romans contemporains ou classiques, français ou étrangers. De George Sand, Flaubert et Maupassant, Julien Green à Alice Munro et John Irving en passant par les sœurs Brontë, Flannery O’Connor ou encore Sébastien Japrisot, Annie Ernaux, Anna Gavalda. Et j’ai un amour fort pour les nouvelles … Mais j’aime aussi me laisser embarquer de temps en temps dans la littérature jeunesse. J’ai, à mon actif, quelques incursions en Fantasy, j’ai lu avec beaucoup beaucoup de plaisir « Harry Potter » et plus jeune la trilogie « Le seigneur des anneaux ». Je lis de temps en temps du policier (que j’aime sombre …) mais de moins en moins souvent car cela me laisse toujours un léger goût de cendres dans la bouche. Et quelques essais aussi quand je trouve du temps et de la concentration … Le prochain livre que j’aimerais lire est « C’est dimanche et je n’y suis pour rien » de Carole Fives. Ce sont deux petites phrases qui m’en ont donné envie …

En ce qui concerne l’écriture, je me suis essayée à beaucoup de choses. Mais ma prédilection (et peut-être mon aptitude) est certainement le roman contemporain et les nouvelles. C’est ce que j’aime écrire et c’est, je crois, ce que je j’écris bien. Restent des objets littéraires non identifiés (comme en témoigne quelques extraits sur ma page Facebook : post « Il existe un jardin ») à tonalité plus poétique, plus abstraite …

4 – Si vous deviez vous identifier à un personnage, lequel serait-ce ?

J’ai essayé de répondre à cette question, l’ai laissé macérer. Mais je ne parviens pas à choisir. Je crois que ce que j’aime dans la lecture c’est de pouvoir tout à tour être l’un puis l’autre puis un troisième et de nouveau l’un. Cette danse est très plaisante, je trouve, très grisante. Alors, même, surtout peut-être, quand un roman me happe, c’est que j’ai pu danser avec tous ses personnages et que je ne saurais en retenir un seul … Et je m’aperçois que les personnages masculins ne sont pas en reste dans mon identification …

5 – Etes vous plus eau, terre, feu ou air ?

J’ai toujours eu une réputation de jeune fille posée, calme, réfléchie. Alors pendant longtemps je me serais plus volontiers associée à la terre ou à l’air. Mais je dois reconnaître que c’est le feu qui bouillonne en moi qui alimente tout autant ma pugnacité que mes mélancolies passagères. Un feu sous couvert, caché mais un feu nourri, tenace, vivant ! Mais je viens de poser la question à mon entourage : visiblement personne n’est d’accord …

6 – Qu’est ce qui vous a amené à l’écriture ?

La force des mots mis ensemble. Des mots, ces simples assemblages de sigles, qui ouvrent tant d’espaces, à la puissance d’évocation incroyable. J’ai l’impression, d’aussi loin que je m’en souvienne, que j’ai toujours porté en moi des mots qui me faisaient du bien, qui me rendaient forte ou vulnérable, qui m’accompagnaient, comme j’aurais eu un tas de petits cailloux dans mes poches. Des mots avec lesquels je jouais et que je gardais précieusement en moi jusqu’à ce qu’ils s’échappent de ma poche, en glissent et que d’autres les remplacent. Les mots ne peuvent pas tout mais ils peuvent tellement ! Comment ne pas avoir envie d’écrire …

7 – Concernant La Promesse du Chant des Grillons, comment est venue votre inspiration ? Un fait réel ? Ou autre ?

Les toutes premières pages ont vu le jour dans un train me ramenant chez moi. Un moment de doute, un moment de questionnement sur ce qu’est la vie, vers où elle va, sur les chemins qu’elle nous fait emprunter, sur l’équilibre entre se laisser porter, se battre et accueillir ce qu’il advient. J’avais envie de prendre un élan, de laisser s’échapper toutes ces émotions qui m’assaillaient, les premières pages sont nées là. Puis sont restées sans suite presque deux ans durant !

Un après-midi, je savais que j’allais ré-ouvrir le carnet et que les mots couleraient, limpides. Ce fut le cas. Quand je me suis replongée dans cette écriture, j’avais, disons, le début et la fin. Deux protagonistes qui finissent par se rencontrer. J’avais dans la tête leur caractère, leurs manies, leurs failles et leur ligne de défense. Mais pas le reste. Et de jour en jour, tout prenait forme, les idées naissaient, s’assemblaient de façon assez naturelle et j’aimais voir la tension monter puis redescendre. J’avais envie de focaliser sur cet « avant » la rencontre qui est un moment suspendu tellement intense, ce moment où l’on rêve de l’autre, ce face à face avec nous-mêmes mais dans lequel l’autre envahit tout l’espace. Tout au long de l’écriture, j’ai pris garde au suspense car cela transfigure à mon sens très bien ce que l’on ressent dans un état de tension amoureuse naissante. J’avais également très envie de laisser la place à toutes sortes de belles rencontres dans le livre. Celles que l’on peut faire quand on accepte de baisser un peu la garde. Ces rencontres précieuses qui éclairent une vie pour très longtemps ou pour un petit bout de chemin.

Au fond, je crois que j’ai longtemps porté ce livre en moi, même si je ne savais pas encore exactement quelle forme il allait avoir. Et un jour, il a commencé à éclore …

8 – Y a-t-il une raison pour ne pas avoir nommé les deux personnages principaux ?

Le "Il" et le "Elle" est longtemps resté en débat pour moi. Mais ils étaient tellement eux qu'à chaque fois que j'essayais de les nommer, je trouvais que ça sonnait faux, que cela les déguisait. J'ai conscience que cela rend peut-être la lecture un peu moins fluide au départ.  Mais au fond, cela relevait d’une vraie impossibilité à les nommer. J'espère que comme cela, on peut devenir tour à tour "Elle" ou "Il" plus facilement, que l'on évite  la "charge" inconsciente du prénom. Mon envie, comme pour le passé de ces deux êtres qui reste mystérieux, était de les laisser affranchis, de leur offrir une certaine liberté. Et que le lecteur ait l’opportunité de s’en saisir. Je conviens que l’exercice est délicat et c’est à mon travail d’auteur de rendre cette prise de liberté possible, j’espère qu’il y parvient !

9 – Avez-vous un lien particulier avec le milieu agricole ?

Et bien non … Si ce n’est que c’est un métier que j’admire et que je respecte parce qu’il est aux prises avec la réalité de ce qu’est la vie. J’aime avoir les mains dans la terre, ce contact avec le sol nourricier. C’est un métier où les faux-semblants n’ont pas beaucoup de place ou alors ça se paye, parfois cher.

10 – Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Plusieurs choses ont déjà vu le jour. Un livre un peu particulier regroupant 15 duos texte/photo autour du thème de la filiation. Un extrait en avant-première est disponible sur ma page Facebook :

(https://www.facebook.com/918728718139209/photos/a.937556159589798.1073741829.918728718139209/937555426256538/?type=1&theater).

Je suis à la recherche d’un éditeur pour ce livre à la fois très personnel et très universel.

Je suis également en train de terminer un recueil de nouvelles (je travaille à la dernière) sur le thème des amours inachevées que j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire. Je l’enverrai ensuite vers le circuit classique des éditeurs mais n’exclus pas de re-travailler avec Bibliocratie.

Enfin, et c’est tout frais, je me lance dans un autre texte, autour de la place de la femme, mais je ne sais pas encore quelle forme exactement il prendra …

Pendant  les périodes de démotivation, quand on passe beaucoup de temps à essayer de faire connaître son livre par exemple, il est bon et salutaire de se mettre en pause et d’écrire, de laisser la magie des mots qui s’assemblent opérer à nouveau. Ca a l’effet d’un baume !

11 – Je vous laisse la parole…

C’est un peu impressionnant ! Peut-être, ce qui me tient le plus à cœur serait de dire que, malgré les moments de doute parfois difficiles à traverser dans la diffusion d’un livre, c’est une aventure formidable que de partir à la rencontre de lecteurs potentiels, on croise une multitude de gens curieux, attentifs, surprenants, bienveillants. Un autre pan du monde qui s’ouvre … Mille mercis Katy de ce bel échange !!! Les blogs sont des espaces d’expression et de partage intenses et précieux.

Je remercie vivement Agnès Janin pour sa gentillesse. On peut s'apercevoir de sa joie de répondre aux questions qu'elle n'a pas hésité à développer. A travers ses réponses, je me suis un peu retrouvée puisque nous avons presque le même âge (j'ai un garçon de plus qu'elle) et les mêmes passions : photo et écriture ! Je ne peux que lui souhaiter de trouver une maison d'éditions qui la suivra dans ses aventures !!

Quant à vous, lecteurs, n'hésitez pas à vous laisser tenter par son univers grisant....